[crédit photo: Pixabay – libre de droit)

Il est partout sur les réseaux sociaux et les médias d’information rediffusent quotidiennement ses déclarations. Cette semaine, il a interpellé avec émotion les élus du parlement canadien. En moins d’un mois, le président ukrainien Volodymyr Zelensky est devenu l’image de la résistance de son peuple contre l’agresseur russe.

Il y a peu de temps, cet homme suscitait les moqueries à cause de son passé d’acteur et de ses difficultés à comprendre les rouages de la politique. Son implication involontaire dans l’affaire Hunter Biden avait laissé l’impression qu’il s’était fait manipuler par Donald Trump, et il était apparu comme un néophyte des relations internationales.

Aujourd’hui, Zelensky se retrouve au cœur d’une des plus grandes stratégies d’influence que nous ayons connu en temps de guerre et, contrairement à d’autres événements de sa courte carrière politique, c’est exactement ce qu’il voulait. Il parle franchement aux dirigeants des pays alliés et il n’hésite pas à leur mettre publiquement de la pression pour obtenir des armes. Et malgré tout, il attire le respect d’un vaste public, à commencer par ses propres citoyens.

Comment en est-il arrivé là? La réponse est simple. Il a mis en œuvre une stratégie de communication d’une très grande efficacité.

Depuis toujours, la communication est l’une des armes de guerre qui est utilisée en appui aux stratégies militaires. On y a recours pour mobiliser les citoyens, encourager ses soldats et pour intimider ses ennemis. Les nombreuses photos et vidéos que le président Zelensky et son gouvernement partagent sur ses réseaux sociaux, notamment ces images où l’on voit des chars russes détruits par des soldats ukrainiens, répondent précisément à ces trois objectifs.

À l’image de la guérilla qu’il mène sur le terrain, le président Zelensky a pris d’assaut les réseaux sociaux avec des publications qui vont dans tous les sens. Les thèmes abordés par ces publications sont variés. On s’adresse aux citoyens et on y interpelle les alliés et ce, autant en anglais qu’en ukrainien ou en russe, une tactique efficace pour rejoindre les citoyens russophones de l’Est du pays autant que les Russes eux-mêmes. L’ajout du mot-clic #stoprussia, judicieusement rédigé en anglais, vise évidemment la communauté internationale.

Mais ce porte-parole du peuple ukrainien a d’autres atouts qui lui servent dans cette campagne d’influence. Il maîtrise très bien l’art de la communication orale.

Volodymyr Zelensky n’a pas l’éloquence d’un Charles de Gaule ou d’un Winston Churchill, mais certaines de ses déclarations ont déjà marqué l’imaginaire. Rappelons-nous quand les États-Unis lui ont offert de l’évacuer du pays pour l’amener en lieu sûr, il a rapidement déclaré que « le combat est ici. J’ai besoin de munitions. Pas d’un moyen de transport ! »

Zelensky est-il seulement un bon acteur qui joue au chef de guerre ?

C’est la question que l’on se pose quand on connaît l’ancien métier du président ukrainien. Mais devrions-nous croire que nous avons seulement affaire à un acteur qui joue un rôle de chef de guerre ? Pas nécessairement.

Pour être convaincant, un porte-parole doit absolument être convaincu de la pertinence de son message. Car on ne peut pas toujours cacher un manque de sincérité derrière des messages qui sonnent creux. M. Zelensky affiche une fougue qui semble véridique. Et on est tenté de le croire tant il sait s’adresser aux gens avec franchise.

L’utilisation de la communication lors de conflits n’est toutefois jamais neutre ni dénuée de mises en scène. Comme on le dit souvent, la vérité est la première victime en temps de guerre. Si Volodymyr Zelensky a réussi à attirer la sympathie de plusieurs, il importe de rester prudent et de nous rappeler qu’il demeure un chef qui utilise la communication comme arme de précision. Si on peut lui pardonner de tourner quelques fois les coins ronds et de se mettre souvent en scène pour encourager la résistance, il demeure que certains de ses propos peuvent glacer le sang. Malgré l’horreur d’une guerre qu’il n’a pas voulue, le fait d’encourager son peuple à prendre les armes ou à lancer des cocktails Molotov contre des soldats russes demeure une déclaration d’une violence inouïe.

Force est de constater que le succès de la stratégie de communication portée par le président Zelensky laisse présager des lendemains difficiles pour Vladimir Poutine, même si les troupes russes finissent par entrer à Kyiv. Gagner le cœur de ce peuple et assurer le respect des vaincus requiert un autre genre de tactique de communication que Poutine n’a visiblement pas compris.

La guerre n’est pas terminée. Mais les premières batailles de l’information ont été clairement remportées par l’Ukraine grâce au talent de communicateur de son président.

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