Crédit photo: Patrick Howe 2024

Joe Biden a annoncé qu’il se retirait de la course à la présidence tout en poursuivant son mandat jusqu’au 20 janvier 2025, jour de l’investiture du prochain président.

Trois dernières réflexions sur Joe Biden (du point de vue de la communication) :

  1. Cette décision était attendue. La perception populaire (74% des électeurs) voulant que Joe Biden fût trop vieux était difficile à contrecarrer par une stratégie de communication. Lui teindre les cheveux? Lui demander de courir comme Mick Jagger sur scène, lui qui a le même âge? Faire plus de vidéo sur Tik Tok? Personne n’y aurait cru.
  2. Depuis son malheureux débat avec Donald Trump, Joe Biden faisait trop souvent une énumération de ses réalisations passées, aussi importantes fussent-elles. Or, la présidence des États-Unis n’est pas un poste honorifique que l’on donne à un politicien pour le remercier de ses services rendus à la société.
  3. Trop d’électeurs doutaient de la capacité du président Biden à terminer un autre mandat de quatre ans. Des sondages démontraient que plusieurs citoyens américains avaient également la perception que ses capacités cognitives déclinaient. Une impression de déjà vu pour plusieurs :

On a tous déjà connu une personne âgée qui refusait de remettre son permis de conduire, alors qu’elle conduisait à 65 km/h dans la voie de gauche sur l’autoroute ou brulait des arrêts sans s’en rendre compte. Cette image du vieillard obstiné collait de plus en plus à Joe Biden. Et les entrevues qu’il a accordées à la suite de son débat n’ont pas permis de renverser cette perception.

Et maintenant?

Depuis hier, c’est le début officiel d’une course folle vers l’investiture démocrate. Kamala Harris était déjà très active depuis quelques semaines (on peut certainement croire qu’elle n’a pas appris le jour même que le président sortant l’appuyait pour l’investiture).

Les défis en matière de communication:

  1. Développer une nouvelle trame narrative pour Harris et son éventuel colistier. On peut déjà imaginer qu’ils ne se gêneront pas pour dire que Trump est (désormais) le candidat le plus âgé à briguer la présidence des États-Unis. Ce sera un moment savoureux dans la campagne de voir cet argumentaire brandi par les républicains être retourné contre le candidat Trump.
  2. Mais il y a beaucoup à faire, car la stratégie en cours tenait compte du candidat Biden. Il faut revoir la stratégie en deux étapes : 1. d’ici l’investiture démocrate et 2. une fois que le ou la candidate sera officiellement désignée et que la campagne démocrate débutera officiellement.
  3. Les délais sont courts : Développer une toute nouvelle stratégie de communication avec des candidats connus, mais pas autant de Joe Biden. (Biden a été élu pour la première fois en 1972).
  4. L’importance d’un colistier solide et capable de développer des messages cohérents et alignés sur la stratégie. Là-dessus, et sans analyser l’ensemble des candidats potentiels à ce poste, il me semble que le gouverneur de la Pennsylvanie, Josh Shapiro, correspond à ce profil de communicateur efficace. Son entrevue à CNN au lendemain du débat désastreux du 27 juin fait désormais partie des quelques vidéos que nous insérons dans nos formations de porte-parole pour montrer à nos clients à quoi ressemble un porte-parole solide lors d’une crise.

Les atouts des démocrates

  1. L’annonce du départ de Biden a eu lieu après la convention républicaine. Ils ont maintenant le champ (presque) libre pour occuper l’espace médiatique.
  2. La campagne à l’investiture démocrate permettra à cette formation politique d’attirer l’attention sur les nouveaux messages et de nouveaux visages. Si les démocrates demeurent disciplinés et ne règlent pas trop leurs comptes sur la place publique, il pourrait s’en dégager une impression de cohésion, ce qui pourrait rassurer les électeurs.

Cette campagne électorale s’annonce passionnante, surtout pour les efforts de communication qui seront requis pour renverser des sondages défavorables pour le parti démocrate. Je compte bien poursuivre ma réflexion lors de certains moments-clés de la campagne. À suivre.