Dr Horacio Arruda. Le danger de la soudaine notoriété d’un des hommes les plus puissants du Québec

BILLET | 22 mars 2020 | Le Dr Horacio Arruda est rapidement devenu une personnalité publique. En très peu de temps, les caricaturistes ont su comment capter sa personnalité.  Sur les réseaux sociaux, des gens se demandent même qui sera l’artiste qui l’imitera au prochain Bye Bye.

Visiblement, le Dr Arruda maîtrise les meilleures pratiques des relations publiques.  Il s’exprime de façon précise, naturelle et factuelle. Il rassure les Québécois, tout en étant ferme dans ses demandes à leur égard. 

Il démontre une grande maîtrise des enjeux liés à la pandémie de la COVID-19 et cela renforce son autorité et le respect qui lui est porté.  Il sait se montrer directif tout en étant empathique.

Le Dr Arruda a surtout réussi un tour de force : confiner une population entière tout en se faisant aimer par celle-ci. 

L’air de rien, ce haut fonctionnaire à la mine sympathique est devenu l’un des hommes les plus puissants du Québec. Ses pouvoirs se sont décuplés depuis la déclaration d’état d’urgence sanitaire il y a une semaine*.

Plaisanter alors que la crise est toujours en cours: attention !

Lors de son point de presse quotidien jeudi dernier, le Dr Arruda a voulu souligner l’importance de faire autre chose que de penser au confinement. En voulant donner l’exemple, il a dit qu’il souhaiterait faire des tartelettes portugaises pour se changer les idées. Le succès fut immédiat et plusieurs personnes ont saisi l’occasion pour lui suggérer leur meilleure recette.

Quelques jours auparavant, il avait dit craindre de se faire taquiner par Infoman après avoir fait un petit lapsus à propos du « ministre Legault ».

Tout cela nous a évidemment fait sourire.

Au micro de Paul Arcand vendredi, le Dr Arruda a eu présence d’esprit et l’humilité de mettre de l’avant le travail de ses équipes, du personnel de la santé et des médias dans cette crise. Il a surtout exprimé le souhait de tourner rapidement la page sur l’épisode des tartelettes: « On parlera de moi plus tard », a-t-il conclu avec raison.

Le risque qu’il franchisse sans le vouloir cette petite ligne très mince qui doit pourtant le séparer du jeu médiatique populaire demeure bien réel. 

Ce fonctionnaire aura grand besoin de son capital d’autorité et de crédibilité pour les prochaines semaines, alors que les mesures s’annoncent sans cesse plus contraignantes pour les Québécois.

Le Dr Arruda n’est pas le message. Il doit porter un message. Et surtout, il doit conserver sa crédibilité.

Le risque de banaliser le message et de créer de la confusion est bien réel. Un porte-parole se doit de demeurer crédible. Le message qu’il transmet doit être clair, compris par son auditoire et, particulièrement dans ce cas, provoquer un engagement de la part du public.

C’est un cas classique dans le milieu: le porte-parole finit par se prendre au jeu de la notoriété. Il confond la cause qu’il défend ou l’organisation qu’il représente avec sa propre personne. Il peut même finir par croire qu’il est le message et que les médias et ses publics s’intéressent à lui en premier.

Visiblement, le Dr Arruda a compris le danger. Il a rapidement ajusté le tir. Il prend acte de sa soudaine notoriété.

Le Dr Arruda peut bien évidemment démontrer une personnalité sympathique, ne pas dramatiser lorsqu’il dicte ses directives et parler aux Québécois en utilisant des exemples simples et imagés. Nous l’encourageons à demeurer cet homme qui a su gagner le respect des Québécois.

Mais il est beaucoup trop tôt pour jouer la personnalité publique populaire. Les photos de ses tartelettes sur Instagram devront attendre.

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Patrick Howe, PRP, ARP