Qu’ont en commun les expressions « âneries », « bonniche », « se comporter comme une carpette » ou « ti-coune » ? Elles se retrouvent dans le registre des propos non-parlementaires de l’Assemblée nationale du Québec.
En ce début de session parlementaire à Québec, voici un peu d’histoire et quelques statistiques sur cette procédure parlementaire insolite.
Depuis 1984, le président de l’Assemblée nationale peut interdire à des députés d’offenser d’autres parlementaires en les désignant autrement que par leur nom ou en employant un langage grossier ou inapproprié. Depuis le début de cette procédure, pratiquement toutes les présidentes et tous les présidents y ont inscrit des expressions interdites.
Il importe de rappeler qu’un député ne peut être poursuivi pour les propos qu’il tient dans le cadre des débats parlementaires. Cette immunité complète lui permet d’aborder plus facilement des enjeux sans crainte de poursuite en diffamation. Mais il y a des moments où certains élus ont visiblement étiré l’élastique de leur liberté d’expression.
Cette liste de propos interdits par le président de l’Assemblée nationale cherche à maintenir un certain décorum dans les travaux parlementaires. Mais elle complique aussi le travail des députés. Car, disposant souvent d’un temps de parole limité lors de certains débats, des élus peuvent être tentés d’utiliser certaines expressions imagées pour résumer leur propos plus facilement.
Y a-t-il un président ou une présidente de l’Assemblée nationale qui a davantage inscrit des expressions dans cette liste d’expressions proscrites?
Parmi le top 5 des présidents « bannisseurs » d’expressions au parlement (plus la présidente actuelle, toujours en fonction), on retrouve :
- Michel Bissonnet : 110 expressions (dont « pauvre petit pitou », « pitreries » et la fameuse « girouette »)
- Jacques Chagnon : 89 expressions (« flouer les citoyens », « idiots » et « bandits »)
- François Paradis : 43 expressions (« propos grossiers », « politicien corrompu »)
- Jean-Pierre Charbonneau : 34 expressions (« manœuvre malhonnête », « marionnette du bunker » (note : ancien édifice où l’on retrouvait les bureaux du premier ministre))
- Nathalie Roy (présidente en fonction) : 34 expressions (« indécent », se faire « rouler dans la farine »)
- Louise Harel : 22 expressions («système qui récompense les amis du régime »)
Cette liste se retrouve ici : https://www.assnat.qc.ca/fr/document/136269.html
Pour en savoir plus : https://www.assnat.qc.ca/fr/patrimoine/lexique/propos-non-parlementaires.html